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J’ai peur de ne pas être “normale”

femme pointée des doigts

C’est une angoisse aussi commune que taboue : être - ou ne pas être - normale. D’où vient la peur d’être différente? Que veut dire “être normale" ? Décryptage d’une volonté irrationnelle, mais inhérente à l’être humain.

C’est un sentiment irrationnel, certes, mais tout à fait commun dès lors que l’on vit en société avec d’autres humains : la peur de ne pas être “normal(e)”. Dès la cour d’école primaire, on observe les autres, on se compare … et on essaye de briller tout en restant dans ce qu’on pense être une norme. Ce sentiment ambivalent perdure à l’adolescence, et pour certains à l’âge adulte.

Pourquoi veut-on entrer dans cette norme ? Qu’est-ce que cela révèle que la psychologie de l’être humain ? Aurore Le Moing, psychothérapeute en région parisienne, nous aide à décrypter ce qui se joue dans cette “angoisse”. D’autant que l’être humain se définit en partie par son individualité. “Qui dit individu, dit unicité, il n’existe aucune personne strictement semblable dans le monde. On peut avoir des idées, valeurs, socles communs,  mais pas deux mêmes personnalités”, complète la psychothérapeute. Alors, d’où peut venir la peur de ne pas être normal ?

La peur de ne pas être “normale” ou l’envie de rentrer dans le moule

“La norme ou normalité est une notion utopique selon moi. On peut parler de « norme » dans certains contextes, par rapport à des objets, ou dans le domaine commercial, où en effet, des référentiels existent dans le but d’uniformiser les échanges. Mais sur l’homme avec un grand H, il est impossible d’en établir une”, explique Aurore Le Moing. En effet, sur le plan humain, il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises situations ou façons de faire, tant que l’on respecte les lois, les codes, les droits et devoirs.

Mais alors, pourquoi cette peur de ne pas être normal est si commune ? “Je comparerais cela à la peur de ne pas rentrer dans un moule, une idéologie imposée par la société, une pression de vouloir réussir sa vie, injustement véhiculée par tout ce qui nous entoure”, décrypte la psychothérapeute. Avant de poursuivre, “le premier exemple qui me vient à l’esprit, c’est la question au niveau de la sexualité”. En effet, quelle que soit son orientation sexuelle, la question de la “normalité” continue de se poser. Pour autant, sur ces questions, on se juge ni en fonction d’une qualité ou d’un défaut, ni d’un choix mais bel et bien d’un ressenti émotionnel. “Le fait de pouvoir être stigmatisé sur ses émotions les plus profondes peut impliquer un choc d’une rare violence. C’est tout votre être qui est remis en question”, détaille Aurore le Moing.

Rentrer dans le moule et la peur du jugement (et du regard des autres)

Cette pression ne s’applique évidemment pas qu’au niveau de la sexualité, mais concerne tout ce qui peut faire que l’on se sente différent. “Une problématique purement physique, un intérêt pour une chose qui n’est pas démocratisée, un tic de langage, une pathologie psychologique, ou même tout simplement des idées qui nous trotte dans la tête et que l’on n’ose pas exprimer de peur de déranger, choquer ou d’être jugé”, énumère la psychothérapeute. Avant d’expliquer que “c’est tout l’enjeu de cette question : la peur du jugement”. Rares sont ceux qui savent et peuvent s’absoudre du jugement des autres. Pour la spécialiste, cette capacité à lutter, résister ou vivre avec le regard des autres et leur jugement, vient de la construction de la personnalité qui se fait durant l’enfance.

“Un enfant soutenu, écouté, en sécurité affective sera plus à même, une fois adulte, de pouvoir assumer ses sentiments et de les exprimer. Il est certain que pour un autre à qui l’on a fait remarquer sa différence, la confiance en soi va être ébranlée et c’est là que la peur de ne pas être « normal » va se réactiver”, indique Aurore Le Moing. D’autant qu’il n’y a pas de raisons valables pour remettre en cause la parole des gens qui nous aiment le plus au monde.

Le fait de vouloir « rentrer » dans une norme peut aussi souligner le besoin d’appartenance à un groupe. Un sentiment très présent à l’adolescence, et qui permet pour certains d’affirmer leur personnalité. Que ce soit le groupe des sportifs, des intellectuels ou de ceux qui souhaitent volontairement se différencier et être à la marge (mais qui reproduisent aussi une norme dans la volonté de s’y opposer) ... À travers tous ces exemples, on se rend compte que derrière ce questionnement, il y a l’envie, le besoin de reconnaissance de la personne auprès de ses pairs. Que l’on agisse dans un sens ou dans l’autre.



Source:marieclaire


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