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Pourquoi certaines personnes ne parlent que d'elles ?

deux femmes dans café

La bonne question.- C'est avec une facilité déconcertante que certains parlent d'eux, presqu'exclusivement d'eux. Ils monopolisent la plupart des conversations ou sautent sur la moindre phrase pour devenir le centre de la discussion. Égocentriques ? Narcissiques ? Vaniteux ? Pas si simple.

Le titre de l'article vous a automatiquement fait penser à une personne, voire à plusieurs. Le problème n'est pas que vous êtes mal entouré(e)s, mais plutôt que le phénomène «est assez répandu», selon le psychanalyste Saverio Tomasella, et ce, parce qu'il découle de plusieurs profils psychologiques. Intéressant dès lors de se pencher sur les rouages qui en poussent certains à nous chauffer les oreilles ? L'enjeu est sérieux : sauver une amitié ou gagner en indulgence.

Enfance et sentiment d'illégitimité

Tous ne sont pas forcément égocentriques

À l'écoute parfois douloureuse de ces individus, la première des analyses est de crier à l'égocentrisme. Comment peuvent-ils aussi facilement parler d'eux et se saisir de la moindre bribe de conversation pour la rapporter à eux-mêmes ? «Pourtant, tous ne le sont pas forcément. Certains peuvent même se montrer altruistes et être présents pour un proche qui a besoin. D'un point de vue psychique, il y a sept profils qui les poussent à ne parler que d'eux», coupe le psychanalyste.

Le premier, sans trop de surprise, découle de l'enfance et plus précisément de la cellule familiale. Saverio Tomasella le rappelle : «certains parents éduquent les enfants en les encourageant à être meilleurs que les autres». L'injonction peut être énoncée clairement, «tu seras le/ la meilleur(e) mon fils/ ma fille», ou peut prendre une tournure différente et résonner en permanence dans l'esprit de famille. Résultats ? «Ces personnes ont pris très tôt l'habitude de monopoliser une grande partie de la conversation. Alors dès que la situation l'autorise, ils le font de nouveau», répond le professionnel. Dans le même registre, certains considèrent purement et simplement qu'ils ne «sont rien, s'ils ne sont pas les meilleurs, ajoute le psychanalyste. En raison de leur entourage ou parce qu'ils ont cela en eux, ils s'obligent à mettre en avant toutes leurs qualités».

Fuir les émotions de l'autre

Cette amie qui rebondit constamment sur vos paroles et recentre le sujet sur elle peut aussi vouloir éviter les émotions qui se dégagent de vos dires. Parce qu'elle refuse d'être touchée ou parce qu'elle est bien incapable de les gérer. Le psychanalyste y décèle ici des tempéraments angoissés : «ils se débrouillent alors pour détourner la conversation, parler d'un autre sujet... ou d'eux-mêmes», poursuit-il.

Parmi les autres failles éventuelles, on peut trouver un sentiment d'illégitimité, voire d'indignité, une honte ou encore une humiliation à compenser. «On assiste alors à une sorte de lutte pour montrer que nous ne sommes pas si illégitime. Les enfants qui ont grandi dans un milieu social défavorisé, par exemple, parlent beaucoup d'eux pour que l'on ne puisse pas leur faire ce reproche qu'ils craignent tant», analyse le professionnel.

Exubérants, leaders et dominants

Assez logiquement, un tempérament expansif en pousse certains à rebondir (un peu trop ?) sur la plupart des dires de l'interlocuteur. Cela va souvent de pair avec une personnalité assez théâtrale, qui présente plutôt une haute estime d'elle-même. «C'est plus fort qu'eux, ils ne peuvent s'empêcher de raconter plus fort encore leur propre voyage par exemple si la discussion tourne autour du sujet, et de tout ramener à eux», commente le psychanalyste.

Restent deux profils, un poil plus fourbes : les leaders et les dominants. Par définition, les premiers ont l'habitude de diriger. Diriger leur entourage, et donc aussi l'orientation de la conversation. «Le but ici n'est pas d'affirmer sa mésestime des autres, mais son leadership. Via leur façon de contrôler la parole, ils montrent qu'ils sont leaders», indique Saverio Tomasella. Enfin, celles et ceux que l'on appelle «dominants», visent quant à eux à écraser les autres, à leur montrer qu'ils sont sous leur coupe. «Même si c'est très raffiné et subtil, ils vont avoir tendance à dévaloriser, à déprécier. Dans un registre plus extrême, le pervers le fera avec sadisme pour faire du mal», conclut le psychanalyste.

De rares prises de conscience

Alors que faire désormais de tout cela ? Car il est rare, sachez-le, que la personne prenne d'elle-même conscience du problème. Selon Saverio Tomasella, le plus souvent cela se fait grâce à un bon ami, qui trouvera le courage et l'aisance d'alerter en douceur. Délicate affaire. «Il faut comprendre que cela peut attrister, alors mieux vaut utiliser un peu de légèreté ou une pointe d'humour. On peut lui faire remarquer que souvent, "on ne peut pas en placer une", et que ce n'est plus possible pour nous. On peut le rassurer en lui disant que la prochaine fois, on lui fera un signe pour qu'il/elle en prenne conscience», conseille le psychanalyste. Et si l'on souhaite s'y prendre tôt au sein de sa famille, on peut aussi veiller à bien répartir le temps de parole entre les enfants et les parents.

Bien sûr, si rien n'évolue malgré votre parole libérée, il sera bien temps de voir l'individu avec parcimonie. Ou plus du tout.



source: madamelefigaro

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